lundi 19 novembre 2012


Dans l’avion Air Algérie pas de magazines, pas de journaux à disposition. 
Mon voisin de siège Momo de Tlemcen déplore : " Il n’y a rien parce que c’est une compagnie de l’état… les stewards, les hôtesses, ils te parlent comme si tu étais au marché des légumes : « Qu’est-ce que tu veux boire !  «  Qu’est-ce que tu veux quelque chose !». Rien à voir avec les compagnies aériennes privées. Là on te sert de l’eau comme si c’était du champagne avec autant de « s’il te plait » que de dattes dans une grappe. Et les avions d’Air Algérie, ils sont tout le temps en retard, tout le temps. Parfois ils sont tellement en retard qu’ils ne viennent même pas."

Arrivée en retard à Oran, mon voisin de siège Momo de Tlemcen insiste pour me déposer à mon hôtel. 
Sa jeune épouse, sa belle-mère et son cousin venus le chercher m’invitent à dormir chez eux.

Tous ensemble : - Vous êtes la bienvenue !

Moi toute seule : -Qui suis-je pour refuser ?

Les avenues qui mènent au centre d' Oran sont larges et poussiéreuses, les immeubles massifs et délabrés. Les façades arabo-mauresco-portugaises sont parsemées d’antennes paraboliques, disques blancs tournés vers le ciel : on dirait des pellicules qui se desquament d’un cuir chevelu. Les chaussées sont défoncées avec parfois des trous de la taille d’une baignoire.

Le cousin : - C’est les travaux pour le tramway. C’est notre président qui fait tout ça, c’est grâce à lui. Il fait beaucoup de chose pour nous, surtout pour les jeunes, je l’aime beaucoup notre président.

Le flic du rond point ressemble à une figurine des années 50. Costume bleu gris électrique dans un tissu raide et épais, guêtres, gants et grande casquette immaculés. Il a de l’allure pour faire circuler les voitures. 

A Momo et à sa jeune épouse : - Alors comme ça vous êtes des jeunes mariés. Vous avez été où pour votre lune de Miel ?

Les yeux de la belle jeune épouse s’écarquillent. Momo tousse. La belle-mère louche.

Momo : - C’est gênant, on ne dit pas ça, on ne parle pas de ça, surtout devant la belle-mère, ça ne se fait pas, c’est gênant.

Je m’abstiens de poser la question "C'est pour quand les enfants?"
 
Momo : - Chez nous on respecte beaucoup les parents. Même moi j'ai  60 ans et j’ai toujours peur de mon père. Je le crains, je le respecte.

Arrivée à l’hôtel Raja situé en plein cœur du quartier Saint Julien, dans une rue grouillante de vie de toute sorte. Les étals de fruits des marchands ambulants flirtent avec des poubelles éventrées à leur pieds, des d’hommes de tout âge sont adossés contre des murs ou assis sur les margelles des boutiques, d’autres font le pied de grue à l’angle d’une rue, les femmes ne stagnent pas, elles passent, font leur courses, trainant un enfant par le bras.

Momo : - Demain venez prendre le thé chez ma sœur. Vous resterez pour manger aussi. Vous êtes la bienvenue.

Moi : - D’accord, choukrane* beaucoup et à demain.

Momo : - Inch Allah**

Y a pas d’ Inch Allah qui tienne : demain j’irai prendre le thé chez vous parce que "je le veux bien".
                                                                   *merci                                                                                                                                                                                                
**Si Dieu le veut bien






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