mercredi 21 novembre 2012


Déménagement dans un autre quartier d’Oran, à la cité Emir Abdel Kader ex cité Saint Hubert. Une guest-house, petit appartement dans la villa du propriétaire. C’est moins joli que l’hôtel, moins proche du centre mais c’est moins cher. Enfin pour moi la touriste ça l’est mais pour un autochtone ça reste hors de prix. Le salaire moyen est de 300 euros, un loyer moyen 80 euros, un panini coûte 1euro, une course en taxi de 15mn coute 70 centimes à peine et ma nuit 20 euros.














  Le bus qui me mène au centre ville est de petite taille. Un gars sur le marchepied annonce en criant la direction et invite à monter. Une fois à l’intérieur il passe parmi les voyageurs en faisant claquer la monnaie qu’il tient dans sa main pour que l’on s’acquitte du ticket. 25 dinars soit 20 centimes d’euros. Tout autour du chauffeur des peluches d’ours pendent du plafond. Tout autour de moi, des jeunes femmes portent sur la tête un chiffon. Sur les 22 femmes dans le bus, nous sommes trois en cheveux.
Un jeune homme me cède sa place.

Je m’assoie vexée : j'envisage de porter un chiffon intégral pour vivre anonymement mon presque grand âge
          


           


A l’Institut Français, discussion entre une beauté Oranaise longiligne, parfaite dans son jean slim et son pull seconde peau rouge et une mère de famille impressionnante en gilbeb (long voile noir enserrant le tour du visage retombant sur les épaules et masquant le corps jusqu’au pied). Elle est accompagnée de sa fillette également en gilbeb.


La beauté Oranaise : - Il y a eu une sorte d’engouement pour le voile en 2003 ; toutes les filles qui voulaient se marier se sont mises à le porter. Le hijeb ou l’intégral, le gilbeb. Parce que ça, ça fait « filles bien comme il faut, sérieuses, vertueuses, filles à marier ».
La mère : - Ça ne sert à rien de porter le voile si on ne croit pas à fond à Allah, à l’unicité de Allah, au Tawhid. C’est comme la prière, le jeûne… ça ne sert à rien de les faire si on n’y croit pas complètement. Toute l’humanité n’est qu’un battement de cil, Allah est grand et miséricordieux  et la plus grande offense à Allah c’est de ne croire en rien. C’est le feu qui les attend pour l’éternité.


Moi : - C’est quoi le paradis pour vous ? Comment vous l’imaginez ?
La mère : - Avec mon mari.
La beauté Oranaise : - Mais votre mari il sera avec ses houris, ses quarante vierges super belles !
La mère : - Oui je sais, mais je peux être avec lui, ça n’empêche pas.
La beauté Oranaise : - Vous allez vous retrouver avec votre mari et ses 40 houris et ça ne vous dérange pas ? 
La mère : - Moi ce que je veux, le plus important, c’est me retrouver à l'entrée du paradis. Juste devant la porte, déjà c'est beaucoup.
Moi : - Est-ce que les femmes, les jeunes filles qui portent le voile sont moins harcelées par les hommes dans la rue ?
La beauté  Oranaise : - Il y a dix ans, oui. Mais plus maintenant. Quand les muristes (hommes adossés à des murs toute la journée) voient une fille voilée passer, ils lui disent : « Humm j’aime beaucoup les kinders-surprises


On rigole.
La mère : - Il ne faut pas rire avec ces choses là… c’est le feu qui vous attend.
La beauté Oranaise : - En même temps si c’est pour que je me retrouve au paradis pendant que mon homme s’amuse avec ses 40 vierges… je préfère encore aller manger des sandwichs en enfer.
On rigole et la mère aussi.  Le rire, lien universel.

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