dimanche 11 novembre 2012


Le métro léger, la main lourde et la mini-loose

Aujourd’hui je devais me rendre dans un quartier de Tunis appelé Menzah 5. Quartier chic avec des magasins de standing mais avec la particularité d’avoir des trottoirs complètement déglingués ( il paraît que c est la faute des 4 4).

A 13H le taxi jaune que je hèle pour me déposer à mon rdv me dit :  « Ha non madame trop de bouchons…prends le métro s’il te plait, c’est mieux ». Ce n’est pas un tacot parisien qui me dirait ça. C’est parti pour le métro vert, le métro léger comme on l’appelle ici. Léger comme le prix du ticket 25 centimes d’euros.  Le quai du métro grouille de monde. Il fait chaud et humide. Tellement lourd que j’ai l’impression de transpirer du gras. La femme a coté de moi porte un long manteau, un voile fermé et des gants. Elle n’a pas l’air de souffrir de la chaleur. Sa peau n’est même pas luisante. De la regarder me donne encore plus chaud. L idée que je sois en pleine pré-ménopause me traverse l’esprit. Esprit en pleine sieste parce que ça ne me fait ni froid… ni froid.

Le métro arrive enfin, aussi bondé que sur le quai. Avec fracas les portes s’ouvrent et les marchepieds se déploient : la marée humaine du dedans essaie de descendre tandis que la marée humaine du dehors essaie de monter. S’il ne faisait pas aussi chaud je trouverai ça marrant. Mais là je trouve ça navrant dans ma peau de poisson frit.

C’est du gros n’importe quoi et pourtant personne n’agresse personne. C’est comme en voiture : ça roule à toute berzingue et personne se s’arrête aux feux rouges ou ralentit pour te laisser traverser. Le piéton est une quille dans un jeu de bowling. Dès que tu mets le pied sur la chaussée, on dirait que les voitures te foncent dessus. Lâcher un cardiaque prêt d’un passage piéton tunisien c’est le strike du crime parfait.

Dans le métro léger, les lignes ne sont pas affichées ou très rarement. Idem pour les noms des stations : parfois c’est visible parfois non.  Mais il y a quelque chose qui marche vraiment bien pour savoir où on est, c’est le contact. Tu n’as même pas besoin de demander : le tunisien te voit chercher et il vient à ton secours. Et en français s’il vous plait. Ca parait évident mais je suis impressionnée de ce peuple parfaitement bilingue qui va jusqu’à inventer un troisième langage en utilisant les deux langues dans une même phrase.

«N’harleff…Benti pour aller à Menzah 5 il faut prendre l’autobus n°5 ». Evidement.

C’est dans la peau d’une frite sortie de son 1er bain d’huile que je monte dans le bus en question. Je tends ma pièce de monnaie au chauffeur qui l’ignore et m’envoie vers le fond. Dans les bus tunisois, la montée se fait par l’arrière et la descente par l’avant. A l’arrière il y a le petit monsieur qui délivre les billets. Installé sur sa chaise il a un petit comptoir avec ses petits tickets, son tampon et sa caisse de monnaie. Purée à l’ancienne.

Deux jeunes filles sont debout à quelques mètres de moi, appuyées à la vitre, elles discutent en regardant  à l’extérieur. Elles sont belles comme des fleurs au début du printemps. Derrière elles, une autre jeune fille, à la peau noire et au jean slim saumon, collée à la vitre. Elle me tourne le dos, je ne vois pas son visage, juste son derrière particulièrement bombé comme les fesses d’une sprinteuse. A côté d’elle, ou plutôt devant ses fesses et me faisant face, un jeune type de 20 ans, seul, qui sourit par intermittence. Bien qu’il soit propre et bien habillé, il me parait louche souriant béatement à chaque secousse ou accélération du bus.  

Il tient la barre au dessus de sa tête avec sa main gauche  mais son corps est anormalement déporté sur sa droite.

J’observe, les moments où il sourit, les moments où il s’arrête…on dirait que ça clignote dans sa tête. Le jean slim saumon se pousse par moment et le corps du jeune type suit le mouvement. Pas tout le corps…juste sa main … qui se colle au tissu saumon du jean slim…contre les fesses musclées de la jeune fille.
Oh le petit halouf (je bilingue aussi).
Je m’approche du l'apprenti satyre de la ligne de bu n°5, lui plante mon regard suintant dans le sien tout content et lui siffle à l’oreille : « Dis donc jeune homme, vous voulez les miennes de fesses à tripoter ? » Il me sourit incrédule et me répond naïvement « Oui madame si ça peut vous faire plaisir ».

C’est officiel, je suis en pré-ménopause sous le soleil de Tunis.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire