lundi 26 novembre 2012



SOUPE DE CERVEAU

  Bibilothèque universitaire d'Oran
Un Français : - Vous n’y allez pas de main morte sur l’Algérie dans votre blog. Faites attention tout de même.


Moi : - J’ai rien dit de mal.

Un Français : - Vous montrez les rues sales, les hommes qui tiennent les murs, vous parlez des femmes violentées… Ce n’est pas reluisant comme image. Ça pourrait les vexer venant d’une étrangère.

Moi : - Je ne suis pas une étrangère, je suis Algérienne par mon père.

Un Français : -  Ici vous êtes une Française… ce que vous présentez en vitrine c’est la Française.

Moi : - Mais à l’intérieur il y a l’Algérienne…

Un Français : - Si à la rigueur vous mettiez en vitrine votre femme algérienne, vous pourriez critiquer ce pays, mais là ...                                                                  
                                                                   
Moi : - Ma femme algérienne ne se met pas en vitrine, elle est pudique, elle agit de l’intérieur, dans sa maison. Si son pas de porte est encombré de poubelles éventrées, elle s’en plaindra à ses proches mais tous les jours à l’aube elle sortira le nettoyer. Mais elle ne peut pas nettoyer toute sa rue, encore moins toute sa ville.                                              
Ma femme française face à ce problème, va interpeller ses voisins, faire une pétition, manifester, passer à la télévision en bikini s’il le faut, tout ça, pour ameuter l’opinion  publique et obliger les politiques à prendre des  dispositions.                                                                
 
 Lui : - "Si tu vas à Rome, fais comme on fait à Rome " dit un vieux proverbe.

 Moi : -" Si tu vas en Algérie fais comme ton cœur te dit" dit un jeune proverbe.


Après cet échange, une remise en question figea mon désir  d’écrire sur ce que je voyais, recevais et ressentais de l’Algérie.         

Je ne souhaite vraiment pas blesser toutes les personnes merveilleuses que je rencontre à Oran et à Tiaret (250 km au sud-est d’Oran, le grenier à blé de toute l’Europe sous l’occupation française). Je ne souhaite pas profiter de tout ce qu’ils m’offrent généreusement pour ensuite les critiquer.
Je cherche juste à témoigner des émancipations des femmes arabes…

Retour à la source avec la définition du petit Robert 2008.
Emancipation 2.fig. et cour. Action de s’affranchir ou de s’affranchir d’une autorité, de servitudes ou de préjugés.

A mon arrivée à Tiaret, j’expose mon désir de témoigner des émancipations des femmes arabes dans un spectacle de théâtre. Une des femmes tiaretienne, professeur d’économie, célibataire, extrêmement séduisante, complètement brune, m’accueille chaleureusement chez elle pour un déjeuner maison (miam miam). Pendant que j’engloutis mon deuxième bol de  H’rira*, elle me dit :
 
La Tiaretienne : - Tu sais dans le Coran, il est dit qu’une femme ne peut pas témoigner. Il faut deux femmes pour ça.

Moi : - Tu veux dire que mon témoignage est nul si nous ne sommes pas deux à témoigner… Pourquoi ?

La Tiaretienne : - Il est prouvé scientifiquement qu’une femme qui réfléchit, n’a qu’un hémisphère de son cerveau qui fonctionne. C’est pour ça qu’il faut qu’elles soient deux. Ça fait un cerveau entier.

Moi (m'attaquant aux bourraks**) : - Étant Franco-algérienne, j’ai deux femmes en moi ça fait donc 4 hémisphères dont deux qui fonctionnent donc, ce qui fait que j’ai un cerveau entier qui réfléchit. Ça le fait non ?

La Tiaretienne : - Je ne crois pas non.

Moi (la bouche pleine) : - Pou'quoi ?

La Tiaretienne : - Parce que ce n’est pas écrit dans le Coran.

Moi : - Faudrait peut-être envisager de  rajouter cette option parce qu’on est nombreuses dans ce cas.

La Tiaretienne : - C’est impossible, on ne touche pas au Coran.

Moi : - Je peux reprendre de la soupe ?


Chers amis Algériens quoi que j’écrive, ne le prenez pas mal : ce ne sont que les dires d’un demi-cerveau.

 *H'RIRA : Spécialité marocaine, soupe servie pendant le mois de ramadan à base de tomates, de féculents, de viande et d'épices.

**BOURRAK : 1.Doigts en feuille de brique ou pâte maison garnis et frits qui accompagnent la H'rira. 
2. Également Saint Bourrak dont le tombeau est à Tlemcen.





 

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